Les volubiles, pas toujours très appréciés... Ces égocentriques qui nous épuisent !

"Ils n'arrêtent pas de parler, ils nous épuisent. Ils sont affligés d'une sorte de diarrhée verbale.

Certaines de ces personnes nous interpellent sous n'importe quel prétexte, s'approprient la moindre de nos idées pour nous mouliner un discours, nous servir leurs commentaires et nous donner leur avis sans chercher à les partager avec nous, en nous les imposant.

D'autres s'épanchent à partir d'un vécu personnel pénible qu'elles tentent de noyer dans leur excès de paroles.

Toutes déroulent un discours sans fin, avec plus ou moins de cohérence, auquel elles donnent les prolongements les plus inattendus et les rebondissements les plus pénibles. Ces personnes qui nous inondent et nous saturent de leurs réflexions n'ont aucune conscience d'un excès, d'un abus de pouvoir, voire une sensibilité minable qui ressemblerait à de la politesse, à du savoir-vivre... à du respect envers la disponibilité de l'autre. Quant à nous, pris sous les feux de leur abondance, nous sommes écrasés, impuissants et irrités (le plus souvent... contre l'autre mais aussi contre nous-même)  de ne pas oser nous rebeller avec plus de force, de ne pas arrêter rapidement l'avalanche qui nous tombe dessus.

A la moindre tentative de notre part pour nous libérer de l'échange imposé à sens unique, elles redoublent de vivacité et reviennent sur des points de vue maintes fois énoncés. C'est pour l'essentiel une partie de leur angoisse, de leur solitude intérieure ou de leur désarroi devant la vie qu'elles déversent ainsi sur nous.

Le pathétique de cette situation c'est qu'elle est sans issue. Elle se répètera des centaines de fois.

L'attitude salvatrice pour nous, c'est la fuite dès que nous apercevons leur ombre pointer vers nous..."

Jacques Salomé