Les bactéries, c’est aussi la vie
A la surface de notre peau, il y a de « bonnes » et de « mauvaises » bactéries. Les premières (flore résidante) nous défendent contre les secondes (flore occasionnelle, composée de germes pathogènes, source d’infections). « La flore résidante de la
peau renforce aussi la protection de l’organisme en stimulant le système immunitaire. Elle sécrète des substances capables d’inhiber
la croissance des germes occasionnels, et même de les tuer, comme une sorte d’antibiotique naturel », explique Edouard Mauvais-Jarvis, responsable de la communication scientifique des
Laboratoires Vichy. Les bactéries, c’est aussi la vie ! Une bonne hygiène consiste donc à maintenir un milieu propre, mais pas aseptisé. Et la qualité majeure d’un bon
produit de nettoyage du corps ou du visage est de respecter au mieux cet équilibre bactérien.
« Le respect de l’écosystème cutané du visage est à la base de tout, explique Joëlle Ciocco, créatrice de l’“épidermologie” (un savoir-faire basé sur l’observation de la peau et la
compréhension de son écosystème).
Ce qui le perturbe le plus ? Les tensioactifs, l’abondance de cosmétiques et le comportement, aussi important que le choix
du produit : gestuelle inflammatoire – tous les frottements –, mains sales sur le visage, tripotages en tous genres… »
Attention aux tensioactifs
Les tensioactifs sont des émulsifiants qui ont autant d’affinités avec l’eau qu’avec l’huile et permettent de dissoudre impuretés, sébum, sueur,
maquillage… On les retrouve dans les produits qui moussent beaucoup (shampoings, gels douche, mousses nettoyantes pour le visage…), mais aussi dans les eaux démaquillantes, ainsi que
dans les solutions micellaires ou formulées pour les peaux sensibles. Ces tensioactifs forment une grande famille – on en compte plus de cinq mille
– et, s’il y en a de plus doux et de mieux tolérés que d’autres, ils « dégraissent » tous la peau et altèrent sa fonction de barrière. C’est pourquoi il vaut mieux les réserver au corps jeune, le visage ayant une peau plus fine et plus sensible (y compris les peaux grasses ou acnéiques :
décapées, elles se vengeront par un surgraissage réactionnel).
la main légère sur les gommages
Tout ce qui affine la couche cornée doit être effectué avec douceur et précaution. Les personnes qui ont une peau sensible éviteront les kits
peeling (microdermabrasion). Les autres n’en abuseront pas : pas plus de quatre par an, aux changements de saison. Idem pour les produits contenant des acides de
fruits ou du rétinol, et les produits antitaches ou qui éclaircissent. Si la peau les supporte bien, on
peut les utiliser en cure, mais à condition de suspendre leur application durant les expositions solaires.
Attention également à la fréquence des gommages du visage : une fois par semaine si la peau est solide, seulement
une fois par mois si elle est fine et fragile.
Pour le corps, un gommage hebdomadaire suffit. Les gels douche exfoliants, qui
contiennent moins de grains, peuvent être utilisés deux à trois fois par semaine. Sans trop gommer ! Sinon, la peau va se
défendre en produisant davantage de cellules mortes et en devenant plus épaisse.
En lien étroit avec notre cerveau limbique, siège de nos émotions, la peau est très
sensible à notre état psychique.
Elle réagit très vite aux bienfaits qu’on lui prodigue… comme aux gestes bâclés, exécutés à la va-vite et sans
conscience. Notre meilleur outil ? Nos mains.
Associons-les pleinement à tous nos rituels de beauté. En appliquant, par exemple, notre lait démaquillant à pleines
mains, après les avoir lavées. On en profite, à cette occasion, pour se masser le visage. Plus la gestuelle sera empreinte de
respect, de douceur et de bienveillance, plus les tissus se décrisperont.
Les secrets d’une peau nette et respectée
Ne pas en faire trop : une douche par jour est suffisante, sauf, bien sûr, si l’on a
beaucoup transpiré. Privilégier les gels douche au pH physiologique de 5,5 (chez
Vichy et Eucerin) plutôt que neutre, ou les tensioactifs moins moussants des nettoyants bio qui proviennent d’huiles végétales ou de sucres (par
exemple, le Gel douche botanique Trilogy, dans les Monoprix et aux Galeries Lafayette). Au gant de crin, trop agressif,
préférer le luffa, une liane d’Afrique et d’Asie dont la pulpe fibreuse desséchée constitue une éponge végétale exfoliante. Un produit d’hygiène intime n’est utile qu’en cas d’irritation ou de dermatose. Sinon, une toilette avec un
nettoyant doux suffit.
Sur le visage, les lingettes et les eaux démaquillantes ne sont pas assez onctueuses et augmentent le risque d’irritation,
du fait des passages répétés du coton. Mieux vaut privilégier les laits, les crèmes ou les huiles démaquillantes. Et ensuite bien rincer la peau à l’eau du robinet, pour éliminer tous les produits contenant des tensioactifs, même lorsqu’il est spécifié «
sans rinçage ». Sur une peau normale, l’eau du robinet ne pose pas de problème, à condition de se sécher soigneusement, sans
frotter, en tamponnant. En revanche, elle doit être évitée sur une peau réactive, en raison de sa teneur en calcaire. Mieux vaut, dans ce cas,
utiliser une eau thermale. Quant aux soins du visage en institut, quatre par an sont suffisants
: il faut une semaine à la peau pour se remettre d’une extraction de comédons et d’un excès de manipulations.
Bien évidemment, il faut se laver les mains avant de toucher son visage et après chaque passage aux
toilettes. Les mains devraient être savonnées pendant trente secondes, mais un savonnage de quinze secondes
réduit déjà de moitié la flore occasionnelle. A fuir : les savons accrochés au mur, sur lesquels tous les germes se déposent… et les ongles
artificiels, véritables nids à microbes.
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